AU COMMENCEMENT ETAIT CADAVRE

Cadavre Mer 23 Avr - 22:03

Aarghgl !
Le gobelin est mort, la moitié de la tête emportée par la violence du coup, son corps difforme projeté contre le tronc d'un arbre.
Cette fois c'était juste... La troisième embuscade de la journée s'est terminée comme les précédentes, dans un bain de sang ou plutôt de membres coupés. La différence réside dans le nombre de mes ennemis qui augmente dangereusement.
D'où viennent-ils ? On les croirait dirigé par une main invisible, tenant probablement un fouet clouté, indispensable pour dresser ces pitoyables créatures. Pitoyables certes, mais nombreuses, très nombreuses.

Cadavre en était là de ses pensées quand le son d'une voix se rapprochant mit immédiatement tous ses sens en alerte. Son corps se durcit en prévision du combat.
Une énergie qu'il ne comprenait pas pulsa soudainement, gonflant des muscles qui n'en avaient nullement besoin.
Son esprit braqué sur le moyen de tuer, il allait fondre sur le nouvel arrivant qui dépassait le bosquet d'où avait surgit quelques instants auparavant le gobelin quand il stoppa brusquement son mouvement mortel.
La vue d'un orc trainé difficilement par les pieds et par un de ses homologues suffit à dissiper la rage guerrière naissante.
La voix provenait d'un orc bougonnant et pestant après son fardeau inanimé :
" T'es trop lourd, le joli coeur. Mais je préfère te dépouiller et te finir un peu plus loin du village. Fallait pas essayer de me piquer ma p'tite puce, même si celle-ci me rapporte pas mal avec ces traquenards qu'on a organisé, arf, arf... Un zerk, ça a sûrement quelque chose d'intéressant dans ses poches ! Tiens, tu bouges encore. J'croyais qu'ma hache t'avait mis sur le carreau. Goreblood qu'tu t'appelles m'a dit Belinka. C'est l'heure de mourir".
L'orc crasseux, lâchant le guerrier à moitié mort, prit la hache pendant à son côté avec l'intention manifeste de s'en servir prestement.
Cadavre ne réfléchit pas. L'énergie afflua douloureusement, le transformant en quelque chose qui n'était plus orc. Le désir ultime d'éviscérer son adversaire était à présent visible dans chacun de ses mouvements.
Poussant un cri guttural d'une rare sauvagerie, il fit un bond qui le propulsa à quelques mètres du kidnappeur. L'autre, qui avait déjà entamé le geste de décapiter l'infortunée victime, stoppa net. Apparemment entraîné lui aussi aux arts guerriers, il modifia la parabole de sa hache pour la lancer d'un souple et puissant mouvement sur son agresseur. C'était un coup imparable.
Au lieu d'essayer d'esquiver, Cadavre prit le parti de seulement pivoter le buste. La hache qui aurait dû lui fendre le crâne s'enfonça dans son épaule massive avec un bruit mou et écoeurant.
Le choc le mit à terre et il se réceptionna sur les genoux.
"Tu espérais p'têt me surprendre, raclure d'hydra ! Tu sauras que Gorak a servi dans l'armée du roi avant de..."
Le bruit de la hache tombant au sol suffit à effacer l'air triomphant qu'il affichait. A la place, une stupeur effrayée se peignit sur son visage quand Cadavre se releva.
Du sang jaillissait en gros bouillons de la plaie béante et le blanc de l'os se devinait. Le plus surprenant, c'est que le flot se tarissait peu à peu. La blessure se refermait !
Cadavre releva la tête. Ses yeux croisèrent ceux de Gorak qui recula, son assurance totalement évanouie, remplacée par une peur superstitieuse.
Un léger halo bleuté sourdait du regard impitoyable du barbare dénué maintenant de toute humanité, une énergie impalpable et mortelle.
"Raaaaahhh !"
Ce fut le dernier son qu'entendit Gorak avant de mourir. A une vitesse insoupconnée pour un corps aussi massif et hurlant sa haine de l'autre, Cadavre survola les dix pas qui le séparaient de Gorak sans que celui-ci puisse réagir.
La faux décrivit une parabole si rapide qu'elle était floue et s'écrasa violemment dans le thorax de Gorak. Sous l'impact, le corps serait parti au loin, mais le bras libre de Cadavre fusa et une main puissante se referma sur la gorge de l'infortuné kidnappeur, maintenant à quelques pouces du sol son thorax et ses tripes pendant que glissait la partie inférieure.
Ramenant contre lui son fardeau, Cadavre approcha son visage à hauteur de celui de Gorak dont le regard était déjà vitreux.
"Tu n'es pas le premier à me dire que mon dernier jour est arrivé, et sûrement pas le dernier".
Jetant le mort au loin comme un paquet de linge sale, Cadavre se retourna vers Goreblood. Le guerrier bougeait faiblement. Il était blessé et ne survivrait pas longtemps aux prédateurs de toutes sortes qui ne manqueraient pas d'être attirés par le sang du blessé.
" Que vais-je faire de toi ?"

A suivre...[b]